Andreeea-
| Dim 25 Oct 2020 - 23:41 | |
C'est comme si j'étais hors du monde, seule, désarmée, abattue totalement par le manque de lien avec les autres. Ces derniers temps, j'ai comme la forte impression d'avoir été extraite de mon milieu habituel, et d'en éprouver un manque inconsidérable. J'ai le coeur à moitié vide, les mots au bord des lèvres, sans trouver de personne assez digne de confiance à mes yeux pour que je déverse toutes mes peines. Et quand bien même je l'ai fait, je l'ai dit, je l'ai exprimé autant que possible, le sentiment d'avoir débordé des limites relationnelles intervient tout de suite. |
L'amitié, ça me dépasse. Qu'est-ce que c'est que cette chose qui échappe à toute définition et à tout cadre ? Est-ce possible d'avoir perdu toute once d'attrait pour l'amitié, d'en éprouver le plus vif dégoût, le doute le plus grand ? Qui sont-ils, ces gens qui se disent mes amis ? Et moi, qui suis-je pour définir une personne comme un ami ? A quel moment peut-on se décider à se considérer mutuellement comme tels, sans y poser véritablement les mots ?
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Après maintes recherches, le CNTRL m'a fait lire que l'amitié est une "relation d'ami" et que l'ami lui-même est une "personne qui de la part d'une autre est l'objet d'un attachement privilégié; celui, celle qu'on aime et/ou qui aime." Encore une fois, des tonnes des questions surviennent dans cette définition dénuée de précision. Entre le manque de décision dans la coordination et des noms aux référents imprécis, rien ne m'éclairait. Après cela, je me souvins du texte de Montaigne dans la partie "De l'amitié" de ses Essais. Selon ce très grand homme, l'amitié n'est que "accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent". Pour qu'il y ait amitié, il faut un lien spirituel établi dans un moment précis ou par un point commun. Honnêtement, les conditions de réalisation de l'amitié n'ont pas trouvé d'exception dans mon cercle relationnel, mais qui suis-je pour juger de l'exactitude d'une chose ? Et puis, au-delà de ça, Montaigne n'eût aucun remords à exclure toute légitimité à son discours, par le seul fait que ce soit du discours, et que l'amitié est ineffable.
« Il y a, au-delà de tout mon discours, et de ce que j'en puis dire particulièrement, [je] ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. » Et sur ces mots, de vous à moi, je crois que je n'ai aucun ami. Aucune fusion spitirituelle aussi forte qu'elle a été décrite. Et la solitude est aussi indicible que l'amitié en terme d'expérience limite. |
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-.Sean
| Lun 26 Oct 2020 - 12:17 | | |
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